Au cours des dernières semaines, notre pays a traversé une crise inédite.
Un
cri de colère et de frustration, enfoui depuis de nombreuses années, s’est
exprimé chez toutes celles et ceux déployant des efforts conséquents pour pouvoir
vivre, avec le sentiment de donner beaucoup et de recevoir peu en retour, avec
le sentiment que leurs gouvernants leur demandent beaucoup, souvent, mais
qu’ils n’obtiennent satisfaction de leurs revendications que trop rarement.
Pour
y répondre, des mesures d’urgence économiques et sociales ont été votées par le
Parlement, en décembre dernier, afin de redistribuer les gains de la croissance
et augmenter le pouvoir d’achat au niveau du SMIC.
Mais,
plus largement, les manifestations ont exprimé le besoin ressenti par chacun d’être associé à la construction des
politiques publiques.
Annoncé
par le Président de la République lors de son allocution, le 10 décembre
dernier, et précisé dans sa lettre aux Français publiée le 14 janvier 2019, le Grand Débat national répond à cette
demande. Il se déroulera du 15 janvier au 15 mars 2019.
Citoyens, élus et institutions, organisations à but lucratif ou non lucratif : chacun peut participer et organiser des débats.
Cette
démarche inédite permettra d’avoir une large concertation autour de 4 thèmes
qui concernent directement notre quotidien :
- La fiscalité, la dépense publique et l’action publique ;
- L’organisation de l’État et des collectivités publiques ;
- La transition écologique ;
- La démocratie et la citoyenneté.
Des stands de proximité seront également installés dans des lieux de passages du quotidien. Ils permettront à ceux qui le souhaitent de donner leur avis sur les thématiques mises au débat.
Si vous souhaitez organiser un débat dans votre quartier, rendez-vous sur le site http://www.granddebat.fr, et sollicitez votre maire pour qu’il mette une salle à votre disposition si besoin !
De plus, à compter du 21 janvier, vous pourrez déposer directement vos contributions sur le site www.granddebat.fr ou les envoyer par courrier à l’adresse postale suivante :
Mission Grand Débat
244 boulevard Saint-Germain
75 007 PARIS
Pour tout renseignement complémentaire :
– Un numéro vert sera accessible au 0 800 97 11 11
– Le site www.granddebat.fr référence les lieux de débats déclarés près de chez vous
Enfin, à partir du 1er mars, des Conférences citoyennes régionales seront organisées, associant des Français tirés au sort dans chaque région à des représentants de diverses parties prenantes (syndicats, responsables associatifs, etc). Ils pourront participer à l’élaboration de pistes concrètes, fort des synthèses des premières semaines de débats locaux qui auront été collectés.
Pour le déroulement de ce Grand Débat, et puisque c’est d’actualité, je formule à chacune et chacun 2 vœux.
Tout
d’abord, je souhaite que le Grand Débat
ne se résume pas à des « cahiers de doléances » mais qu’il soit un
véritable moment d’échanges et de propositions.
La
tenue du Grand Débat doit mettre un
terme aux violences et aux discours mensongers et haineux, qui n’ont pas
leur place en démocratie. Ceux qui, malgré l’organisation du Grand Débat,
continuent de réclamer dans les rues, sur les ronds-points, par la menace ou la
violence, plus de démocratie, ceux-là
même n’ont très souvent jamais pris la peine d’expérimenter ce qu’est
réellement la démocratie, à l’échelle de leur quartier : s’investir
dans les comités de quartier, les conseils citoyens, prendre un mandat
associatif ou avoir électoral local.
En
venant aux débats, chacun exercera sa
liberté d’expression, le droit de faire entendre sa voix, ses idées, sans
être menacé, sans être violenté. Chacun
aura également un devoir : débattre et faire émerger des propositions pour
rendre notre pays plus juste. Débattre, c’est se confronter à la réalité de
l’autre, comprendre ses difficultés et lui faire comprendre les nôtres, pour
ensuite trouver une solution commune, qui soit vivable pour chacun et qui nous
permettent de vivre ensemble, sans se jalouser. C’est le fondement de la
démocratie dans ce qu’elle a de plus noble et la raison pour laquelle je me
suis engagée comme militante puis comme femme politique.
C’est à cette
condition, avec cet esprit, que les réunions et les débats qui
s’organiseront dans nos villes seront porteurs de solutions pour notre pays.
Ensuite,
je souhaite que le Grand Débat puisse
casser les idées reçues en matière de redistribution de richesses et de
« justice fiscale ». Au cours de mes mandats de conseillère
municipale et de députée, j’ai pu voir que la construction du budget d’une
collectivité, de la Sécurité sociale, de l’Etat, ne s’établissait pas autour du
constat qu’il y avait « trop d’impôts » ou « pas assez d’impôts »,
« pas assez de services publics » ou « trop d’allocations
versées ». L’enjeu d’une fiscalité juste, c’est de dire :
- « Qu’est-ce que l’on finance en priorité ? Avec quel budget ? Pour quels objectifs ? »
- « Qui verse combien ? Qui reçoit combien ? Est-ce que c’est juste ? », c’est-à-dire :
- Si je nais à la place de cette personne qui n’a rien, ai-je un minimum de services publics et de prestations sociales à ma disposition pour espérer sortir de ma condition et trouver un emploi qui me plait, subvenir aux besoins de ma famille, etc ?
- Et aussi, en même temps : si je suis à la place de ce chef d’entreprise qui n’était qu’un jeune sorti de l’école, qui a créé il y a 20 ans sa boîte de couverture, de transformation de produits industriels ou de communication, qui travaille 70 heures par semaine, 7 jours sur 7, qui a créé 25 emplois là où il a monté sa boîte, et qui gagne à présent 10 000€ par mois, jusqu’où est-ce que, fort de cette réussite, il doit accepter de financer, par ses impôts, des prestations ou des services auxquels il peut ne même pas avoir accès ?
Ce raisonnement
est le fondement de notre société, solidaire et juste. Il fait que le niveau d’impôt est acceptable pour tous
et que le quotidien est vivable pour
tous.
C’est fort de cet esprit et de ce raisonnement qu’avec le Président de la République, le Gouvernement et mes collègues députés, nous avons lancé, depuis 18 mois, plusieurs chantiers pour refonder l’enseignement scolaire, notre système de retraite, le marché du travail et notre régime d’assurance-chômage, ainsi que les politiques du transport, de l’énergie, de l’alimentation et de l’agriculture.
C’est fort de cet esprit et de ce raisonnement que nous avons souhaité organiser le Grand Débat.
C’est
avec cet esprit et ce raisonnement que la confrontation des idées permettra de
faire émerger des solutions innovantes, durables et justes pour notre pays.
J’ai
confiance dans le fait que chacun sentira cette responsabilité au moment de
prendre part aux débats près de chez soi.
Avec
toute ma considération républicaine et citoyenne,
Votre
députée,
Catherine OSSON
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PJ 1: Lettre aux Français du PR
PJ 2 : Le communiqué de presse du Premier Ministre sur les modalités d’organisation du Grand Débat